Durant le jour, exceptés le Soleil et la Lune, aucun autre objet céleste ne semble habituellement pas visible. Et pourtant, c’est faux.
Je me rappelle que durant une activité à Hammamet durant le mois de Juillet 2002, avec mon collègue Abdelhafidh Tayehi, avons eu la surprise de voir Vénus vers 9h du matin à l’œil nu. Ensuite il a été possible de suivre une occultation de Vénus par la Lune en 2007, et puis de l’observer en juillet 2013 vers 15h.
Quant au télescope, il a été possible de guetter un croissant de Vénus 5 jours avant son Transit en Juin 2012, et d’observer Vénus et Jupiter (difficilement) vers 14h TL à l’été de 2015, au télescope et ça sans l’usage de filtre
Cette année 2017, il a été possible de voir pour la première fois Vénus à l’œil nu à midi vrai. On s’est posé alors la question si les autres planètes pourraient être visible au télescope.
D’abord, le contraste entre les planètes et le fond du ciel est faible pour permettre une quelconque identification à l’œil nu. Cependant au télescope, il semble qu’en collectant plus de lumière de la planète à observer et en réduisant le fond du ciel par un filtre approprié, il semble que c’est possible de voir ces disques planétaires. Le grossissement permet d’assombrir le fond du ciel est donc d’augmenter le contraste. Cependant au delà d’un certain grossissement utile, la turbulence brouillera le disque de la planète et dégradera les détails. Cette turbulence du fait de la présence du Soleil et surtout pour une observation vers midi sera importante.
Un paramètre important indépendant de l’instrument utilisé est la qualité du ciel; un ciel d’un bleu sombre augmentera le contraste entre la planète observée et le fond du ciel, alors qu’un ciel laiteux et voilé rendra cette observation plus difficile.
Un autre paramètre est la distance angulaire entre le Soleil et la planète, ou élongation: lorsque l’élongation est élevée, le fond du ciel est plus sombre. Ce fond de ciel va augmenter en brillance lorsqu’on va s’approcher du Soleil.
Il semble aussi que la couleur de la planète intervenait aussi dans cette visibilité, une couleur rouge offrant un meilleur contraste au fond du ciel bleu par rapport à une couleur blanche.
Donc si on veut résumer, l’observation d’une planète dépendra des paramètres suivants:
+ Sa magnitude
+ Son élongation
+ La qualité du ciel
+ La couleur
+ Le grossissement
+ La turbulence
+ Un filtre atténuant le fond de ciel: on a choisi un filtre rejetant la lumière en deça de 742nm, permettant de garder seulement la lumière rouge profonde des planètes, moins sensible à la turbulence.
Le 18 mars 2017, les conditions météo étaient favorables à Tunis. Grâce à un CPC 800 altazimutal automatisé, un oculaire de 40mm (permettant d’avoir un grossissement de 50X), une camera ZWO 120MC (avec retrait de son filtre infra-rouge et sa substitution du filtre proplanet 742).
L’alignement a été fait sur le Soleil. Il s’agit d’une manœuvre dangereuse. Elle a été faite avec le télescope muni d’un filtre solaire pleine ouverture. Puis automatiquement le télescope a été ordonné de pointer Vénus. Comme Vénus était à environ 16°, on a retiré le filtre solaire sans aucun danger, et le croissant de Vénus était bien visible.
En pointant le télescope ensuite vers Mercure, il a été possible de le guetter au chercheur 9X50, et au foyer du télescope. La phase gibbeuse était même devinable.
Ensuite, Mars a été pointée, et contre toute attente, et malgré sa magnitude modeste, elle était bien visible au télescope, mieux contrastée que Mercure, pourtant plus brillante.
Ensuite on a procédé à la capture de séquences avi des ces 3 planètes avec la dite caméra muni de son filtre proplanet 742, et ces séquences ont été traitées par le logiciel REGISTAX6.
Le seeing était de l’ordre de 2″ parfois 4-5″, ce qui dégradait l’image. Cependant il a été possible de deviner la phase gibbeuse de Mercrure et certains détails de surface de Mars.
Le 26 mars 2017 à 10h15 TU, environ 24h après la conjonction inférieure de Vénus, un très fin croissant vénérien a été capturé par le même matériel.
En conclusion, il est tout à fait possible d’observer les planètes brillantes en plein jour avec des conditions optimales d’élongation et de météorologie.
S’agit-il de même pour les étoiles brillantes? C’est ce qu’on va essayer de vérifier durant cet été, notamment avec l’étoile Sirius.