Série des occultations d’Aldébaran 2015-2018

L’étoile Alpha Tauri est une géante rouge  brillante qui se trouve dans la constellation du Taureau. Elle est connue aussi sous le nom d’ALDEBARAN  issue de son nom arabe <<الدّبران>> nom qui signifie « l’étoile suiveuse » en référence aux Pléiades, car dans le ciel, Aldébaran donne l’impression de suivre cet amas d’étoiles. Aldébaran est l’étoile la plus brillante du zodiaque, avec une magnitude visuelle de 0,87 en moyenne, car c’est une étoile variable, pulsante irrégulière, pouvant osciller entre 0,75 et 0,95.
Cette étoile se trouve à proximité de l’écliptique avec les coordonnées suivantes relatives à l’époque J2000.0 :
• Longitude écliptique : 70°00’11’ ‘
• Latitude écliptique : -05°27’58’ ‘
Comme la latitude écliptique de cette étoile est supérieure à la latitude minimale que peut atteindre la Lune, cette dernière peut occulter l’étoile quand la longitude du nœud ascendant de l’orbite lunaire est voisine de 160°.

I- GÉOMÉTRIE DU PHÉNOMÈNE :
On définit comme plan fondamental, le plan passant par le centre de la Terre et orienté perpendiculairement à la direction (Terre-Etoile). La lune est suivie dans sa course en première approximation, en négligeant le diamètre apparent de l’étoile, par un cylindre. Un observateur placé dans ce cylindre ne verra pas l’étoile qui sera masquée par le disque lunaire. Ce Cylindre, perpendiculaire au plan fondamental, projette sur ce dernier en première approximation un disque circulaire. Le diamètre de ce disque est exactement égal au diamètre de la Lune, 3476 km.

occultation1
Ceci veut dire qu’à un moment donné de l’occultation, l’aire maximale de la surface de la Terre sur laquelle se projette ce cylindre d’ombre est égale approximativement au 1/16 ème de la surface exposée à la Lune et au 1/32 ème de la surface totale du globe.
Ainsi, une occultation, ne peut être visible que d’une bande large d’environ 3500 km, faisant rapprocher ce phénomène des éclipses solaires centrales qui sont visibles d’une étroite bande de quelques dizaines à quelques centaines de kilomètres.
L’axe de symétrie de ce cylindre, déterminé par la ligne joignant le centre du disque lunaire à l’étoile occultée coupe le plan fondamental en un point I. La distance entre ce point I, et le centre de la Terre O, varie en fonction du temps et atteint un minimum à un instant voisin de la conjonction géocentrique écliptique entre la la Lune et l’étoile occultée.
La distance minimale est désignée par Dmin. Pour des raisons calculatoires, on considère la mesure algébrique de Dmin. Si cette valeur est négative, l’occultation est visible préférentiellement de l’hémisphère Sud, dans le cas contraire, elle sera visible de l’hémisphère nord. La valeur de Dmin autorisant la visibilité d’une occultation de la surface du globe terrestre varie alors en première approximation de -1,2725 à 1,2725 rayon terrestre, pris égal à sa valeur équatoriale. On peut tenir compte de l’aplatissement de la Terre, au prix d’un calcul plus compliqué.

II- SÉRIE GÉNÉRALE DES OCCULTATIONS D’ALDEBARAN :
La série des occultations d’Aldébaran commencera le 29 janvier 2015. Les premières occultations seront observées dans l’hémisphère nord comme en témoigne la valeur positive de Dmin. A partir de cette date, et durant chaque révolution sidérale, égale en moyenne à 27 jours 7 heures 42 minutes, la lune occultera cette étoile jusqu’à la dernière occultation du 2 septembre 2018. Il s’agit alors d’une série longue sur 3,6 ans environ faites de 48 occultations (365,25*3,6/27,321). Cette étendue sur 3 ans est expliquée par le fait que la latitude écliptique d’Aldébaran est proche de la limite inférieure théorique permettant la survenue d’une occultation. D’ailleurs, les régions se trouvant au sud du globe terrestre à proximité des régions polaires sud ne pourront observer aucune occultation car du fait de la parallaxe, la lune sera élevée au nord de 57′ (0,95°) en moyenne ce qui éloignera le disque lunaire de l’étoile rendant impossible la visibilité du phénomène. Cette série a commencé donc par des occultations « Nord » et se terminera aussi par des occultations« Nord », alors qu’habituellement de telles séries se terminent par des occultations « Sud ».
Si on se trouve au centre de la Terre, nous verrons la Lune occulter l’étoile par la partie Sud de son disque, puis progressivement le trajet apparent de la lune durant l’occultation se déplace vers le sud, ce qui donne l’impression de voir l’étoile de déplacer en apparence vers le nord, et ceci jusqu’aux environs des deux-tiers sud du disque, avant de rebrousser chemin vers le nord.
En prenant la latitude écliptique maximale de la Lune au voisinage d’Aldébaran égale à 5°16′ et en considérant que la parallaxe lunaire est à sa valeur maximale, voisine de 62′, on trouve simplement que la valeur de Dmin minimale est égale à sin(-5°16′ + 5°28′)/sin(62′) qui est égale à 0,2 environ, valeur concordante avec la valeur minimale de cette série égale à 0,19598.

occultation aldébaran
Comme le montre ce graphique de l’évolution de Dmin en fonction du nombre des occultations, nous voyons une périodicité de 6 mois, superposée à une périodicité plus longue de 18,60 ans (rendant l’enveloppe de la courbe proche d’une parabole).
La période de 18,60 ans est celle du mouvement des nœuds de l’orbite lunaire qui rétrogradent sur l’écliptique avec un mouvement angulaire moyen de 190,8″ par jour. La deuxième période est semi annuelle, période qui est égale à la saison des éclipses soit environ 173 jours. En effet du fait de l’action du Soleil, l’orbite de la lune subit des perturbations. Lorsque le soleil coïncide avec l’un des nœuds, l’inclinaison de l’orbite de la lune est maximale, les nœuds sont stationnaires, et la Lune se trouve plus au sud de l’écliptique, donc plus proche angulairement d’Aldébaran. En revanche, lorsque le Soleil est à 90° de l’un des nœuds, le mouvement angulaire du nœud est pratiquement le double de sa valeur moyenne alors que l’inclinaison de l’orbite lunaire est proche de la valeur moyenne, soit 5°08′.

Ces cartes générées par le logiciel libre Occult 4 montre l’aire de visibilité des différentes occultations sur le globe terrestre.

Occultations of ALDEBARAN
La prochaine série commencera le 18 août 2033, toujours par une occultation nord.
En un siècle nous pouvons observer 5 séries complètes totalisant 93 ans ou 4 séries complètes et deux séries partielles. Dans ce XXIe siècle, 5 séries complètes seront observées.

III- OCCULTATIONS D’ALDEBARAN VISIBLES EN TUNISIE :
En Tunisie, sur cette série, seulement 5 occultations  seront observées en totalité sur tout le territoire, et une seule incomplète (avec seulement la phase de l’immersion) à l’extrême nord-ouest du pays. Ce sont les occultations du 29 octobre 2015, 23 décembre 2015, 2 juillet 2016, 5 février 2017 et le 28 avril 2017.

Celle du 13 décembre 2016 ne sera possible qu’à l’extrême nord ouest de la Tunisie et surviendra proche de l’horizon ouest, avec seulement l’immersion qui sera visible, très proche de l’instant du coucher de la Lune.
Ce tableau décrit les circonstances de ces occultations pour la ville de Tunis.

occ ald tunisDans ce tableau les instants de l’immersion et de l’émersion figurent en temps universel. Pour obtenir le temps local, il va falloir rajouter une heure.

L’angle h, calculé en degrés d’arc, est celui de la hauteur de la Lune au moment du phénomène. L’angle P est celui de l’angle de position au pôle, et Z est celui de position au zénith. Ces deux angles sont exprimés en degrés d’arc.

a° est b° sont deux corrections de l’instant de l’immersion ou de l’émersion en minutes de temps. a° est la correction en longitude, alors que b° est une correction en latitude.

Ces cartes générées par le logiciel Occult 4.0, montrent les cartes générales de ces occultations. occ aldébaran 29102015occ aldébaran 23122015

occ aldébaran 02072016 occ aldébaran 05022017 occ aldébaran 28042017

Une tache solaire géante visible à l’oeil nu: la monstrueuse AR12192

Depuis le 17 octobre 2014, une tache solaire géante, la plus grande du cycle solaire actuel, est apparue sur la surface de l’astre du Jour.

Cette tache du fait d’une envergure qui dépasse 120000km, soit comparable à la planète Jupiter est visible à l’œil nu en utilisant un filtre approprié pour l’observation solaire.

Cette image faite à main levée par un APN derrière un filtre de densité 13, le 21 octobre 2014, montre cette tache sombre.

 

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Ces images faites le 24 octobre 2014 vers 15h TL par un télescope CPC800, un filtre Baader et une Canon600D, par temps nuageux et turbulent montre la structure complexe de cette tache.

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A noter que cette tache a donné plusieurs « flares » M et 2 flares X durant ces derniers 7 jours. En cas de survenue d’un nouveau flare X dans les prochains 3 jours, un orage géomagnétique pourrait toucher la Terre en cas d’une éjection de masse coronale CME associée.

Quelques séquences de capture par un caméscope et un télescope respectivement.

 

 

La SAT attire l’attention que l’observation solaire nécessite des précautions particulières pour éviter tout atteinte oculaire pouvant entraîner la cécité. Il convient d’utiliser des filtres spéciaux ou des lunettes dédiées à l’observation solaire afin de garantir la sécurité de l’observateur.

 

Actualisation: Cette tache solaire a donné un 3ème flare X de classe 3 le 24 octobre 2014 à 21h41 TU. Un orage géomagnétique est très probable dans les prochaines 48 heures.

Détection d’un orage sur Uranus par un télescope de 200mm; une première mondiale semble-t-il !

Un orage de grande envergure a été découvert le 5 Août 2014 sur la planète Uranus par le télescope Keck II de 10 mètres de diamètre. Rapidement plusieurs astronomes amateurs ont suivi l’affaire grâce à des télescopes de 300 mm et plus.

La SAT a pu entreprendre sa session d’observation, une semaine plus tard, soit le 12 août 2014 à partir des îles Kerkenna. Un CPC800 altazimutal motorisé équipé d’une caméra ZWO 120MM, sur laquelle un filtre jaune foncé a été monté. Les premiers essais, ont laissé apparaître ce qui semble être une structure nuageuse sur le globe uranien qui fait 3.6″ d’arc, soit à peine 6 fois la limite de résolution du télescope. La longitude du méridien central était à 296°.

Capture 12_08_2014 01_49_13_uranus tempête0

                                                                           12 août 2014 0h49 TU

 

Après des discussions avec des astronomes amateurs chevronnés, et grâce aux éphémérides de la SAF, il a été convenu de faire d’autres sessions d’observations afin de lever le doute, ce qui a été fait la nuit du 10 au 11 octobre 2014 à Tunis, avec le même équipement avec lequel une lentille de Barlow X2 a été rajoutée, et là la tache nuageuse, à peine blanchâtre, qui boucle un tour sur le globe de cette planète en 16h 40mn environ est tout à fait visible. Sa longitude a été estimée à 90°. Pour toutes ces images le nord est approximativement en bas à 6h. Le pôle nord est structure grisâtre vers 2h.

Capture 2014-10-10T23_20_02+++0      10 octobre 2014 à 23h20 TU (2500ims/8ims)  

 

uran red 2 11102014 00_41 TU

    11 octobre 2014 à 0h41 TU (2600ims/8ims)

 

Il semble que c’est la première fois qu’une telle structure ait été observée par un télescope « modeste » de 200mm, ce qui est déjà un cas limite compte tenu de la résolution effective d’un 200mm. Le point fort de cette capture, semble-t-il, réside dans le capteur de la caméra qui a une sensibilité bonne dans le rouge et l’infra-rouge proche permettant de détecter cette structure sans utiliser le classique filtre rouge-infrarouge (R-IR).

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